30 mars 2012
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Les mots en rouge sont expliqués dans le module Glossaires . On peut agrandir les photos en cliquant dessus.
Nos ancêtres mineurs craignaient avec raison que le ciel ne leur tombe sur la tête. Quand on pénètre dans les mines ou carrières abandonnées, force est de constater que la nature a bien horreur du vide et malgré les efforts des mineurs, les volumineuses blessures infligées à la terre ont une tendance à se cicatriser croûte que croûte !
Ces travaux qui demandaient une grande expérience professionnelle nous ont laissé des vestiges qui forcent le respect et dont l'esthétisme reflète bien la qualité du travail manuel. Au cours de mes quelques explorations j'ai rencontré diverses méthodes employées suivant les terrains pour aider ce ciel à ne pas devenir plancher ! La méthode la plus simple consiste à percer des galeries en forme d'ogive pour répartir la pression vers les parois latérales.
Le besoin de matière augmentant, les vides occasionnés ont demandé une consolidation des espaces créés. Nous allons passer en revue les différentes méthodes employées pour parvenir à cet effet.
Piliers tournés
Cette technique est employée quand le filon se présente en strates horizontales. Le filon n'est pas exploité entièrement. Les parties laissées en place servent ainsi de piliers de soutènement plus ou moins espacés que l'on contourne pour continuer l'exploitation en fonction de la résistance de l'environnement. Cette méthode à l’inconvénient de laisser en place une partie de la matière première. (Défruitement).
Carrière de pierres calcaires.
Mine de fer:
Carrière de pierres calcaires.
Mine de fer:
Hagues et bourrages
Toute la matière première est exploitée et on entasse jusqu'au ciel les rebuts d'exploitation. Pour les maintenir en place sont montés des murets de pierres sèches avec des déchets de taille.
Piliers à bras.
A la force des bras, les mineurs superposent des blocs afin de former des colonnes qui soutiennent le ciel. Ce type de soutènement se rencontre principalement dans les carrières.
Boisages.
Diverses essences sont employées en fonction des forêts avoisinantes. Si le chêne est plus solide, il est également plus cher et casse sans prévenir. Les boiseurs appréciaient les résineux car ceux-ci « chantent en travaillant » indiquant ainsi les contraintes qu'ils subissaient. Pour pallier aux faiblesses du toit, on dressait des poteaux appelés" chandelles". Ces dernières étaient coincèes à l'aide de coins en bois enfoncés de force.
Le soutènement des galeries se faisait généralement sous forme de cadre formé d'un chapeau et de 2 piliers droits.


Plancher.
Dans certaines exploitations, une fois l'abattage du minerai effectué, on disposait un plancher au-dessus du vide afin de pouvoir extraire la matière première au-dessus. (Technique de chambres montantes remblayées.)
br>Encoches destinées à recevoir l'échafaudage.
Piliers en bois.
Les rondins pouvaient également servir d'alerte. Ils étaient disposés en travers de la chambre d'abattage. Si le rondin craquait et cassait cela signifiait que les parois se rapprochaient et inversement si le rondin tombait.
Le métier de boiseur, on le devine facilement, demandait beaucoup de courage, force et adresse. Ces charpentiers du sous sol nous ont laissé parfois des ouvrages magnifiques.
Étançons métalliques.
Peu à peu le métal fait son apparition; Si le bois à la longue devient mou l'étançon dure comme dirait l'autre ! Celui-ci est formé de 2 tubes coulissants. Une fois la partie coulissante amenée jusqu'au toit, elle est maintenue en place à l'aide de 2 clavettes. La résistance à la pression du ciel permet une plus grande portée facilitant le travail du mineur.De plus, les étais sont récupérables contrairement à ceux en bois ce qui est loin d'être négligeable économiquement parlant.
Musée de Lewarde:
Poutrelles métalliques.
Les rails récupérés ou des poutrelles sont plaqués sous le ciel à l'aide d' encoches creusées dans les parois de la galerie. Parfois des rondins ou du grillage étaient intercalés entre le ciel et les renforts métalliques.
Cintres.
Des cornières cintrées et boulonnées forment une armature derrière laquelle sont entassés des rondins ou des planches.
Leurs ossatures sont généralement formées de 3 tronçons pouvant glisser les uns sur les autres par chevauchement partiel des éléments.
Boulonnage.
A partir de 1949 est introduite la méthode du boulonnage pour fixer entre elles les différentes strates du rocher. Il s'agit de tiges enfoncées profondément dans la roche et maintenues soit par un cône expansion soit collée à la résine Les chantiers deviennent plus vastes facilitant l'emploi de méthodes d'abattage et chargement mécanisées..
Foudroyage.
Une autre méthode pour prévenir les éboulements consiste à prendre les devants. Une fois la matière première extraite, on enlève le soutènement afin que le vide créé se remplisse par affaissement. Ceci peut avoir des conséquences sur les terrains en surface. Cette méthode n'est donc pas employée sous les terrains bâtis. (Stot de protection).
Tunnel.
Soutènement marchant.
Dans les mines de charbon modernes on utilise le soutènement marchant. Il est constitué d'une succession de piliers équipés de vérins. Après le passage de la haveuse, le mineur avance les piliers qui soutiennent le ciel. En arrière des piliers, le terrain est foudroyé systématiquement. Je doute fort que je puisse un jour en voir un en actio, mais on peut voir la bête sur cette vidéo qui résume également les diverses techniques de soutènement du monde souterrain. Merci à Antonin pour la photo.
Voici un dernier exemple de la pression que peuvent subir les soutènements. Bien que le ciel de cette galerie ne présente aucun signe de faiblesse apparent, l’I.P.N. a littéralement éclaté sous la contrainte de la couche sus-jascente. Comme quoi la pose de cet étais était bien justifiée à cet endroit.
Conclusion.
Voilà finie la liste des différents soutènements que j'ai pu admirer et, bien que les années passent, certains continuent d'assurer leur rôles rendant possible avec quelques précautions la visite de ces lieux insolites et de plus en plus rares. Les différentes méthodes employées nous offrent des spectacles à l’esthétisme certain procurant bien des émotions à ceux qui les contemplent.
Rappel.
Carrière ou mine ? Les deux exploitations peuvent être à ciel ouvert ou souterraine. Il s'agit de notions juridiques définies par le CODE MINIER La différence vient de la matière extraite. En gros ce qui touche au bâtiment ( sable calcaire gypse etc) est extrait de carrières le reste (métaux combustibles) provient des mines. Détails ici
Liens.